dimanche 25 juillet 2010

De la reconversion des consultants en management

Quand je regarde mes anciens collègues, force est de constater que le conseil en management ne mène pas forcément à tout. Avec un turnover compris entre 25 et 35%, la question de l'évolution de carrière et de la reconversion se pose de façon aigüe.

Une part importante des mouvements se fait d'un cabinet à l'autre, donc pas de vraie reconversion dans ces cas-là : changement d'air, hausse de salaire... mais une activité du même acabit.

Un contingent non négligeable part faire sensiblement la même chose, i.e. du "conseil interne", de la "gestion de projet" (venant plus ou moins fréquemment avec des tâches d'assistance à maîtrise d'ouvrage informatique) ou quelque chose d'approchant mais au sein d'une seule entreprise, leur employeur. De très nombreux anciens consultants sont recrutés pour ce genre de postes, dans des directions informatiques, de l'organisation, de la qualité... et, en fonction de leur expérience, parfois à des postes de management.

Il y a également ceux qui estiment que le freelance (ou le spinoff) leur est plus profitable, et qui montent donc leur petite structure. Ceci-dit là encore, malgré l'énorme changement en termes de statut, d'activité commerciale... le fond du métier reste le même.

Finalement, ceux qui, après quelques années d'expérience dans le conseil en management, rejoignent une autre entreprise pour y occuper une fonction vraiment opérationnelle (i.e. hors fonctions support, sur le coeur de métier de l'entreprise) sont en nombre extrêmement réduit. Même ceux qui s'affichent (et sont affichés par leur cabinet) comme des spécialistes de tel ou tel domaine sectoriel.

Je sais d'ailleurs plus trop où j'ai lu qu'après 35 ans (grosso modo 10-12 ans d'expérience) il devenait vraiment difficile pour un consultant de se recaser en interne dans une entreprise, pas uniquement pour une question de salaire...

samedi 24 juillet 2010

Forfait, régie, régie forfaitée

Un cabinet de conseil développe son chiffre d'affaires en répondant à des appels d'offres ou de façon plus informelle grâce au réseau de son management. Le client à l'origine de la demande peut demander un engagement au forfait, c'est-à-dire au résultat, ou en régie, c'est à dire sur les moyens. Ce qui consiste ni plus ni moins à mettre à disposition des "consultants" pendant une période déterminée (enfin, au début, car elle s'allonge très souvent)...

Bref, on comprend que les cabinets, ne voulant pas passer pour des marchands de viande, mettent en avant leur prestations au forfait, même si pour eux c'est plus risqué, car si le résultat n'est pas au rendez-vous (i.e. si le client n'est pas satisfait des livrables), la rentabilité risque d'en souffrir, à cause de la charge de travail supplémentaire à leurs frais.

Et puis, faire de la régie de façon prépondérante, c'est l'aveu même que le cabinet de conseil en tant qu'entité n'a pas de valeur ajoutée sur le fond par rapport à ses consultants pris séparément les uns des autres. Que c'est une boîte d'intérim de luxe en quelque sorte ; et que son management n'a qu'une fonction commerciale... alors que les cabinets de conseil en management mettent en avant leurs offres, leurs études économiques ou leurs "points de vue" sur les grands problèmes auxquels font face la société et les entreprises. Ce qui, disons-le tout de suite, est parfois risible quand on voit le décalage entre le côté stratosphérique de leurs interventions dans les médias et les tâches qu'ils réalisent vraiment chez leurs clients, souvent très terre-à-terre : suivi de planning, rédaction de supports et comptes-rendus de réunions, écriture de spécifications, de fiches de postes, de supports de formation, de scénarios de test, business cases de projets informatiques...

Bien sûr, côté client on a souvent du mal à demander un forfait, car c'est plus lourd à suivre qu'un simple relevé des temps, ça donne des obligations et ça suppose en cas de problème une petite bataille juridique ; et évidemment, ça suppose que l'on puisse suivre le rythme des consultants. Car ceux-ci, du fait des problématiques qu'ils traitent, sont dans une interaction humaine assez suivie avec leurs interlocuteurs internes ; ils ont besoin d'informations et de contributions relativement importantes, synonymes d'une pression que l'on ne veut pas toujours se mettre. Et puis un projet, ça dérive, même quand les consultants font leur travail.

Du coup, le mix de la régie et du forfait, i.e. la "régie forfaitée", est un entredeux souvent pratiqué. Il s'agit d'une régie, donc d'un engagement de moyens, mais avec des livrables bien définis à la clé (mais qui en pratique varient pas mal entre la signature du contrat et leur réalisatio effective), donc une dimension "résultat"... Les associés d'un cabinet de conseil y trouvent leur compte (pour eux la régie est quand même plus favorable, mais cette formule permet de mettre en avant, à tort ou à raison, la valeur ajoutée du cabinet), de même que la plupart des clients. Pour les consultants, c'est souvent plus mitigé...car concrètement, ça ressemble fortement à de la régie pure.

samedi 17 juillet 2010

De quel "conseil" il s'agit

Nous l'avons vu (sans trop le développer), "consultant" est un terme un peu vague qui recouvre des réalités extrêmement différentes. Disons-le tout net, mon objectif n'est pas d'en dresser une classification exhaustive.

Non, il sera avant tout ici question du "conseil en management" tel qu'il peut être pratiqué chez les principaux acteurs du marché, les Accenture, Capgemini, BearingPoint, Logica Management, CSC, Atos Consulting, Ineum Consulting ou Orga Consultants... en restreignant, si pertinent, à leur branche conseil, à l'exclusion de ce qui touche à l'outsourcing ou à l'intégration de systèmes (même si je pense que nous verrons que ce n'est pas si simple que ça). Je parlerai donc (très) peu des purs marchands de viande et à l'autre bout du spectre des grands cabinets de conseil en stratégie (ou comme on dit pour faire chic "de direction générale"), ou même des cabinets de niche.

Déjà, une première remarque, qui marche à tous les coups : dès qu'un cabinet se présente comme faisant du conseil en "systèmes d'information" ou en "technologies", même s'il y a un peu avant, dans ladite présentation, "stratégie", "management" ou "organisation", soyez sûrs que lesdits "systèmes d'information" et "technologies" (c'est-à-dire de l'assistance à maîtrise d'ouvrage ou du suivi - pas du pilotage - de projets informatiques pour simplifier) représentent au moins 80% de son activité. Même s'il se présente comme un expert multisectoriel...

jeudi 15 juillet 2010

C'est quoi un consultant ? (premier épisode d'une looooongue série)

Rentrons tout de suite dans le cœur du sujet du blog. Une petite requête « c’est quoi un consultant » (avec ou sans guillemets) dans Google montre que je ne suis pas le premier à poser la question. Un rapide coup d’œil aux premières réponses montre que pour beaucoup, c’est le flou total… ou au contraire, c’est entendu : un consultant, c’est un programmeur informatique qui travaille pour une SSII !

Thomas Legrain donne un indice dans son article « A quoi sert un consultant ? » (première page de résultats Google) :

La principale valeur ajoutée d’un consultant c’est d’apporter un regard extérieur que les collaborateurs ne peuvent pas apporter…pour la simple raison qu’ils sont dedans !

Sympa, mais un peu vague. Ah, disons le tout net : vous n’êtes pas ici sur un blog professionnel. Je n’ai rien à vendre, et mon objectif n’est certainement pas d’expliquer à des clients potentiels à quoi pourrait leur servir un consultant ou les convaincre de franchir le pas, parce qu’un consultant c’est cool en fait, c’est pas si abscons que ça, et puis, ça vaut bien son TJM. Donc j’essaierai au maximum d’éviter tout bullshit et toute formulation grandiloquente quant à la « valeur ajoutée d’un consultant ».

JGP va un peu plus loin dans son article « Dis Tonton JGP, c’est quoi un consultant ? » (toujours sur la première page de résultats de Google) :

Mais qu'est-ce qu'un consultant ?

C'est un concept un peu fourre-tout qui, en première (mais pas trop mauvaise) approximation, désigne une personne de l' "extérieur" que l'on (un gouvernement, une entreprise, voire un particulier) sollicite, pour son expertise et/ou son savoir-faire et/ou son entregent, pour aider à résoudre (complètement ou partiellement) un problème. L'extériorité signifie qu'en général (et ça vaut mieux, pour des raisons d'objectivité) le consultant n'a pas d'intérêt personnel dans la problématique sur laquelle il est sollicité. Il ne s'agit bien sûr pas d'un titre officiel, et tout le monde peut être consultant.

Je suis assez d’accord avec le côté « fourre-tout ». Mais JGP ne se mouille pas trop, avouant un peu plus loin qu’il mélange « les choux et les carottes » en mettant dans le même sac les McKinsey, Tata, Kroll ou Accenture. Je comprends cependant que le sujet de son article, vu son blog, n’est pas exactement de répondre à la question telle que je (me) la pose. J’aurais quand même apprécié qu’il décrive quelque part ce qu’il fait au quotidien, lui qui se présente comme « consultant », et qui promet à la fin de l’article susmentionné qu’il va décrire « quel type de consultant » il est. J’ai cherché un peu sur son blog, mais j’ai rien trouvé de bien concret.

Première conclusion : le dénominateur commun des différents essais de définition que l’on trouve çà et là, c’est le côté « extérieur » du consultant. En gros, il n’est pas salarié de l’entreprise pour laquelle il travaille au quotidien ; un « prestataire » en quelque sorte, qui peut intervenir sur différents types de problèmes qu’a son client. Mais ensuite, ça diverge un peu…signe que j’ai peut-être choisi un thème intéressant pour le blog ! Affaire à suivre…

Bienvenue sur le Blog du Consultant !

Bonjour à tous,

« Consultant » depuis quelques années, et blogueur averti (sur de tout autres sujets), je crée ce petit blog sans prétention afin de démystifier et démythifier ce métier, qui assez bizarrement est entouré d’une certaine aura qu’il ne mérite pas toujours…

Les billets, que j’espère réguliers, seront alimentés par ma propre expérience ainsi que celle de nombre de mes confrères de la plupart des, car c’est bien connu, les consultants fréquentent avant tout des consultants.

Humeurs, coups de cœur et (surtout) coups de gueule, mauvaise foi garantie ; mais attention, ce site ne sera cependant pas un défouloir. L’idée n’est absolument pas de dénigrer tel ou tel « leader mondial / français du conseil », mais juste de partager du vécu, des impressions et de lever le voile sur certaines pratiques dont le grand public (un peu), les étudiants ou même nos clients (surtout) ne voient souvent qu’une infime partie.

Bien évidemment, de longs développements seront consacrés à la définition du terme « consultant » pour le moins flou, tout à tour confondu avec « conseiller », « expert », « prestataire », « ressource » ou même « petite main »… mais des sujets comme la journée type, la formation, l’évolution de carrière, le rapport au management, les chasseurs de tête ou la reconversion trouveront ici une place de choix.

Précision d’importance : le blog ne vise en aucun cas la rigueur encyclopédique, donc les petits articles écrits vite fait, les redites, les incomplétudes et la subjectivité y seront légion.

J’espère attirer, avec le temps, une base solide et fidèle de lecteurs. N’hésitez pas à commenter et à faire part de vos propres témoignages !